Les patrons privés de bonus

Sous la pression de l'Elysée, les dirigeants de banques renoncent à leurs bonus

Il y a de la jubilation dans le communiqué publié par l'Elysée, mardi 20 janvier au soir, à l'issue d'une réunion rapide avec les patrons des établissements bancaires français : "Les dirigeants des banques ont unanimement décidé de renoncer (...) à la part variable de leur rémunération au titre de 2008."
Société générale : 2 milliards d'euros de bénéfice

La Société générale a annoncé, mercredi 21 janvier, un bénéfice de 2 milliards d'euros pour l'année 2008, avec un quatrième trimestre prévu "à l'équilibre". Afin de rassurer les marchés, la banque a choisi d'anticiper l'annonce de ses résultats, dont la version définitive doit être publiée le 18 février. Le titre avait plongé de 13,67 % mardi. Il regagnait plus de 5 % mercredi matin. Partout dans le monde, la situation de plus en plus alarmante du secteur bancaire effraye les investisseurs. A Londres, Royal Bank of Scotland a perdu 11,21 % mardi, après un plongeon de 66,57 % lundi ; à New York, Citigroup a cédé 20 %, contribuant au recul du Dow Jones de 4,01 %. Les opérateurs redoutent que les Etats ne soient obligés, in fine, de procéder à la nationalisation des établissements en difficulté, provoquant d'énormes pertes pour les actionnaires.

De fait, Nicolas Sarkozy a remporté une incontestable victoire, en obtenant des banquiers français, mardi, qu'ils renoncent à leurs bonus en contrepartie d'une nouvelle aide publique de 10,5 milliards d'euros. Un premier prêt d'un montant équivalent leur avait été accordé fin 2008. Le chef de l'Etat ne s'est donc pas privé d'en exploiter aussitôt le bénéfice politique, auprès d'une opinion publique scandalisée par la responsabilité des banquiers dans la crise financière actuelle.

Il n'a pas fallu une semaine à l'Elysée, appuyé par la ministre de l'économie Christine Lagarde, pour rallier les banques à son injonction. Sans renoncement aux bonus, le guichet de l'Etat ne s'ouvrirait pas, avait averti M. Sarkozy lors de ses voeux aux forces économiques, le 15 janvier. A l'Assemblée nationale, mardi, en réponse au président de la commission des finances, Didier Migaud (PS), Mme Lagarde avait réaffirmé qu'il s'agissait d'une condition sine qua non à l'apport d'argent public. Il fallait convaincre les députés qu'il n'était pas question d'un cadeau fait aux banques, ce qu'ils ne cessent d'entendre dans leurs circonscriptions.

UNE ISSUE CERTAINE

BNP Paribas - qui veut profiter de l'aide de l'Etat pour renforcer, opportunément, un ratio de fonds propres inférieur à celui de ses rivales -, a été la première à se soumettre publiquement. Ses président (Michel Pébereau) directeur général (Baudouin Prot), ont annoncé, le 17 janvier, qu'ils renonçaient à leur bonus de 2008. L'an dernier, ils avaient touché, au titre de 2007, respectivement 875 000 et 2,27 millions d'euros de bonus, cette part variable de la rémunération des dirigeants souvent supérieure au salaire.

La déclaration publique inattendue de BNP Paribas, au sortir d'une réunion du comité exécutif de la Fédération bancaire française (FBF), a été mal vécue par les autres banques, qui y ont vu un acte déloyal. A la FBF, il avait été convenu que tous pratiqueraient la modération, ou renonceraient à leurs bonus, mais s'en remettraient à leurs comités de rémunérations et conseils d'administration, les instances décisionnaires.

Dès lors, le front de place était rompu. Pour ne pas être désignées à la vindicte populaire, les banques n'avaient d'autre choix que de s'aligner, vite, sur la position de BNP Paribas. Et de convoquer dans l'urgence leur conseil d'administration, pour celles qui n'avaient pas prévu de le faire.

Le directeur général du Crédit agricole, Georges Pauget, par ailleurs président de la FBF, avait, selon son entourage, décidé de renoncer à son bonus. Il en a sans doute avancé l'annonce. Il aurait dû percevoir un bonus d'environ 300 000 euros au titre de l'année 2008.

De leur côté, les dirigeants de la Société générale, Daniel Bouton (président) et Frédéric Oudéa (directeur général) - qui fut conseiller de M. Sarkozy au ministère du budget - ont fait savoir qu'ils se pliaient à la volonté de l'Elysée. "L'issue de cette polémique était certaine, souligne le conseil d'une banque. Pas seulement parce que les banques ont besoin de l'argent de l'Etat pour passer un cap difficile, mais parce qu'aucun banquier ne peut se permettre d'aller contre l'Etat. A fortiori si le chef de l'Etat s'appelle Nicolas Sarkozy."

Les bonus des dirigeants ne sont cependant que la partie émergée de l'iceberg. Nul ne sait encore si ceux des traders seront supprimés au nom de la crise. La banque britannique Barclays vient d'envoyer un signal, en annonçant à tout l'encadrement supérieur, soit plusieurs centaines de personnes, qu'ils ne toucheraient aucune prime pour 2008.

Anne Michel

Le Monde

C'est bien. Il faut perséverer pour réformer complétement le système de rémunération, c'est le moment ou jamais.

Le problème c'est qu'il n'y a aucun contrôle sur les sommes injectées. La suppression des bonus c'est de la démagogie. Pour avoir un réel contrôle ya pas 36 solutions c'est la nationalisation avec la mise en place de mesures drastiques.

Chad a écrit:La suppression des bonus c'est de la démagogie.

Jamais content...

Chad a écrit:Pour avoir un réel contrôle ya pas 36 solutions c'est la nationalisation avec la mise en place de mesures drastiques.

On peut très bien imaginer des lois visant à limiter ces rémunérations onéreuses sans pour autant nationaliser... Ca passe par exemple à socialiser les stock options, chose que les parlementaires ont encore rejetté recemment.

Jamais content...

Sinon il n'y aurait pas de débat ^^

On peut très bien imaginer des lois visant à limiter ces rémunérations onéreuses sans pour autant nationaliser... Ca passe par exemple à socialiser les stock options, chose que les parlementaires ont encore rejetté recemment.

Oui déjà et puis il y a les frais annexes : Notes de restos, petits séjours organisé par le C.A au club Med, Baptême de parachutisme...

x) c'est vraiment pas l'essentiel.

Mais c'est quand même pas mal de pognon à la longue (c'est le radin qui parle^^). Quand tu penses que les entreprises s'endettent pour satisfaire les dividendes des actionnaires, c'est à plus rien y comprendre. L'Etat ferait bien le tri dans tout ça.

(Hervé Gaymard doit sans doute être d'accord avec toi.) Ce sont ces même actionnaires qui profitent des fonds de l'entreprise ^^

Je connais pas ce personnage.

wikipédia a écrit: Le 16 février 2005, une polémique éclate suite à un article du Canard enchainé, (...) sur le coût et l'importance de la surface de l'appartement de fonction de M. Gaymard. Le journal révèle qu'Hervé Gaymard, son épouse Clara et leurs huit enfants sont logés dans un duplex privé de 600 m² loué par l'État au prix de 14 000 euros par mois.

L'état aussi fait parfois des folies. Ce bonhomme là était ministre de l'économie. Tellement efficace que sa renommée est parvenue jusqu'à tes oreilles x)

Ah oui c'est vrai, Ruckier et toute sa bande se défoulaient sur lui ^^. Par contre I forgot son passage à l'économie.

Remus a écrit:

Chad a écrit:La suppression des bonus c'est de la démagogie.

Jamais content...

En même temps, la suppression des bonus c'est purement symbolique, ça représente des sommes ridicules. C'est totalement démagogique et ça ne résout absolument pas le problème.

> Hervé Gaymard, c'est mon député
Il a été élu dès le premier tour

Donc selon toi on aurait du laisser leurs bonus aux patrons ?

RedStar a écrit:Donc selon toi on aurait du laisser leurs bonus aux patrons ?

On aurait dû abolir le capitalisme

Mdrr ça vous trotte toujours dans un coin de la tête x)

Sérieusement, priver les patrons de leurs bonus qui se chiffrent à quelques millions d'euros lorsqu'on en fait la somme ne sert strictement à rien, si ce n'est pas "moraliser", faire de la politique démagogique en s'attaquant aux effets les plus visibles mais loin d'être les pires du système dans lequel nous vivons.
Chacun sait que la vrai solution ne peut être que globale, et doit viser à contrôler les marchés. On met des flics sur toutes les routes, on contrôle ta vitesse et ton alcoolémie à chaque rond-point, mais on dessine des autoroutes pour les capitalistes, sans contrôle, sans limite, sans sanction même lorsqu'ils provoquent des accidents (et qu'ils entraînent dans leur chute des centaines de millions de lambdas innocents).

Il y a un petit truc que je ne comprends pas : L'Etat va débloquer plus de 10 milliards pour des banques bénéficiaires.

Oui faut que je me renseigne aussi sur le plan de relance... Pada', ne croit-tu pas que lier les rémunérations à la prudence des responsables pourrait moraliser le système ?

Comme ça au lieu d'agir de l'extérieur, la régulation agirait à l'intérieur même du système: on prend pas trop de risques, on est plutot pas mal rémunéré.
Au début on teste si on est un peu aventurier puis quand on finit par gagner un SMIC pendant des mois à cause de ses conneries, on ne recommence plus u_u. Non ?

Chadagova a écrit:Le problème c'est qu'il n'y a aucun contrôle sur les sommes injectées. La suppression des bonus c'est de la démagogie. Pour avoir un réel contrôle ya pas 36 solutions c'est la nationalisation avec la mise en place de mesures drastiques.

+1, c'est définitif !

RedStar a écrit:Oui faut que je me renseigne aussi sur le plan de relance... Pada', ne croit-tu pas que lier les rémunérations à la prudence des responsables pourrait moraliser le système ?

Comme ça au lieu d'agir de l'extérieur, la régulation agirait à l'intérieur même du système: on prend pas trop de risques, on est plutot pas mal rémunéré.
Au début on teste si on est un peu aventurier puis quand on finit par gagner un SMIC pendant des mois à cause de ses conneries, on ne recommence plus u_u. Non ?

Trop cool, et comme les autres pays ne changent pas les règles de la même façon, ça ne sert à rien. C'est donc de la démagogie pure, sans autre objectif que de rassurer l'électorat.

u_u qui t'as dit que ça devrait s'appliquer qu'en France ? De toute façon même si c'était le cas, au moins nos banques seraient bien plus épargnées par la crise.

RedStar a écrit:u_u qui t'as dit que ça devrait s'appliquer qu'en France ?

Ah moins d'une erreur de ma part, je n'ai pas entendu dire que les USA, la GB, et autre allait prendre la même mesure.

La France non plus ne l'a pas annoncé ; ça n'était qu'une proposition de ma part.

RedStar a écrit:La France non plus ne l'a pas annoncé ; ça n'était qu'une proposition de ma part.

Les patrons vont bien renoncer à leurs bonus, c'est bien la réalité.