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La conception matérialiste de l'Histoire

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La conception matérialiste de l'Histoire Empty La conception matérialiste de l'Histoire

Message par Camarade Troska Mar 14 Fév - 17:07

Comme Révolte me l'a demandé, je vais essayer d'expliquer assez clairement ce qu'est cette conception, sa formation, l'outil qu'il est - matérialisme historique - et ce qu'il n'est pas.

Pour commencer assez simplement, il existe une évolution dans la pensée et la conception que peut avoir l'Homme de l'histoire.
En premier lieu, on a eu le droit à une conception théologique de l'histoire, qui a commencé par l'animisme, ou le fait que chaque composante de la nature soit doté d'une âme, puis qui est allez vers le monothéisme. En gros, c'est mettre au centre Dieu comme force motrice capable de tout, qui provoque guerre, déluges, évènements divers et variés. L'homme ne joue aucun rôle là dedans, il ne fait qu'obéir à une conception divine.
Avec l'apparition des découverts scientifiques, mathématiques, il va y avoir un retournement complet des valeurs, avec des individus qui vont chercher à chasser "l'obscurantisme" du Moyen-Age et sa scolastique. C'est une offensive idéologique de la bourgeoisie montante, progressiste et libérale, ce qui donnera les Lumières plus tard, avec sa conception de l'homme rationnelle sur qui tout repose, et qui doit être emmené et guider vers un idéal de savoir etc etc.
La dernière conception fut celle issue de l'idéalisme Allemand, dont le dernier grand nom fut Hegel. La conception Hégélienne de l'histoire, c'est à dire que le but final de l'histoire, c'est la réalisation de l'Etat, ou l'Idée s'accomplirait dans une organisation juridique capable de réaliser la liberté dans son essence. Je rappelle que Hegel était un grand admirateur de la Grèce Antique, de son système politique qui plaçait le bonheur et la participation au coeur de la société civile, donc offrant une "liberté authentique". L'hégélianisme interprète la longue histoire de l'humanité comme ayant un sens, comme la liberté de l'homme progressant étape par étape grâce à la philosophie, à l'art, aux sciences... En gros pour Hegel, l'Etat est la forme ultime de l'Esprit et de la Raison, fin du travail du concept et de la recherche dialectique de la vérité.

Marx a fait une violente critique de la conception Hégélienne de l'histoire, puisque là où Hegel voyait dans l'Etat le développement de la Raison et de la liberté, Marx et Engels y ont analysé les caractéristiques de l'Etat Bourgeois en formation, car les réponses ne sont pas à chercher dans l'Etat ni dans des individus, mais dans la société civile qui sépare les pauvres des riches, crée la division du travail etc etc. Hegel a une conception idéaliste de l'Histoire, malgré son utilisation la dialectique, il s'est borné à considéré comme "Nature" un état historique du monde. Un exemple tout bête, Hegel comprend que Napoléon puisse finir la révolution, c'est normal. Sauf qu'il n'explique pas pourquoi et de quel façon, ce qu'introduisent Marx et Engels avec le matérialisme dialectique.
Hegel fut aussi critiqué par Marx pour interpréter le monde et non le transformer, ("Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde, or il s'agit de le transformer.") ou en renversant complètement la conception Hégélienne ("Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur vie sociale, c'est au contraire leur vie sociale (concrète, réelle) qui détermine leur conscience".) en montrant que c'est la vie réelle et concrète qui donne une primauté certaine sur les idées qui vont suivre. Parce que pour réaliser les Idées, faut bien que les hommes les mettent en pratique... De même, dans le domaine de l'interprétation de l'histoire, les idées ne peuvent êtres considérées comme sujet de cette histoire. Les idées se forment au contraire dans et par la pratique matérielle. Il faut donc chercher à expliquer cette pratique matérielle et son origine. C'est en cela que Marx transforme la conception hégélienne de l'histoire, ce qui donnera le matérialisme historique. Cela dit, Hegel reste idéaliste, avec d'énormes défauts, mais à permis à Marx par exemple de comprendre les moments donnés de l'Histoire, ou à Bakounine de considérer cette conception comme négation du présent au profit de l'avenir, et que toute conciliation est une tentative de briser le mouvement dialectique de l'histoire.

Marx et Engels arrive à concilier la dialectique - science du mouvement - avec le matérialisme dialectique, qui est lui même une remise sur pied du matérialisme et de l'idéalisme. Remettre Hegel sur ses pieds en quelque sorte, comme il le disait si bien. Après avoir critiqué tour à tour la religion, la philosophie et la politique (L'Etat), ils vont comprendre que les phénomènes économiques sont très importants. Critique de la religion comme abstraction de l'homme à travers Dieu, et la critique de la philosophie va passer par celle de l'Etat Bourgeois donc ne pas rechercher en lui-même les problèmes/solutions mais bien dans la société civile. Car L'Etat exprime un rapport de forces déterminé au sein de cette dernière. Cette analyse débouche à son tour sur l'étude du pourquoi de ce rapport de forces entre différentes classes sociales, question qui abouti à la nécessité d'étudier la façon dont les hommes s'organisent pour assurer leur subsistance, leur production...

Il va donc y avoir une analyse complète, qui commence par celle de l'infrastructure, (Base de la société en classes, mode de production...) qui va s'opposer à la superstructure, qui est l'ensemble des conventions idéologiques, juridiques et politiques.
Dans une société basé sur le rapport entre les classes, il y a toujours une opposition dialectique entre les forces productives et les rapports (sociaux) de production : Car les premières ont tendance à se développer, tandis que les rapports de production ont tendance à être figés par la classe dominante qui en profite. Lorsque la contradiction devient trop criante entre forces productives et rapports de production, le mode de production est menacé, et les conditions objectives d'une révolution sociale sont en place. Les contradictions dans la sphère idéologique accompagnent généralement de près cette évolution matérielle...Il y a un très bel exemple avec la révolution Française, les forces productives dégagés par la bourgeoisie (Manufactures, développement des machines) se sont retrouvés bloqués par les rapport de production de la noblesse, basé sur la propriété terrienne et foncière, qui bloquaient toute initiative, toute liberté d'entreprendre.
Il n'y a donc pas de fatalité historique ! Toute réalité est faite de contradictions, sans ces dernières, il ne peut y avoir de progrès possible. Ce sont les contradictions qui expliquent le mouvement, les enchaînements entre les différents modes de production car à chaque mode de production déterminé correspondent des types de contradictions déterminées. Mais il existe une contradiction fondamentale expliquant l'évolution des modes de production, comme je l'ai décrit juste au-dessus.

"Le premier fait historique est donc la production des moyens permettant de satisfaire ces besoins, la production de la vie matérielle elle-même, et c'est là un fait historique, une condition fondamentale de toute histoire que l'on doit, aujourd'hui encore comme il y a des milliers d'années, remplir jour après jour (...) simplement pour maintenir les hommes en vie" Marx & Engels, l'Idéologie Allemande.

Les rapports sociaux de production sont avant tout déterminés par la manière dont les hommes produisent, donc par les forces productives. Produire la vie, c'est produire du travail, produire une énergie ... Le travail est justement la chose centrale ici, puisqu'elle est conditionné par la manière de produire, comment et de quel façon, qui va produire, sous quel contrainte ou volonté propre, si on va être dans une société basé sur l'esclavage ou une société primitive. Ce qui me permet d'introduire plusieurs choses :
1) Le matérialisme historique n'est pas un vulgaire déterminisme économique qui prétendrait que tel état des forces productives implique mécaniquement tel état de conscience sociale. Quand Marx dit "Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain ; le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel" il ne dit pas "Dans une société avec le moulin à bras vous aurez les troubadours, l'amour courtois, les Bénédictins et rien d'autre !" C'est donc bel et bien les rapports sociaux de production qui font le lien entre infrastructure (Base de la société en classes, mode de production...) avec la superstructure (Instance politique, juridique et idéologique) Les hommes font l'Histoire, mais ils ne le font pas arbitrairement en claquant des doigts parce que ça leur traverse un jour l'esprit par miracle, mais par des conditions directement héritées du passé.

2) Sur l'historicisme, je tiens à dire que e matérialisme historique n'est pas un historicisme. Si on en croit les gars comme Karl Popper & consort, on ne peut pas être engagé et être objectif dans notre analyse. Ce qui est marrant, parce que en sachant que l'histoire est écrite par les vainqueurs, se contenter de recracher le discours dominant, c'est faire preuve de faiblesse. On ne prétend pas avec cette manière d'analyse, prouver tout et surtout n'importe quoi. En tant que modèle scientifique, il propose des explications qui ont dores et déjà montré une cohérence remarquable pour une science qui s'intéresse à un sujet aussi complexe que l'histoire des sociétés humaines. Un modèle peut être critiqué sur ses hypothèses et peut toujours être affiné, mais c'est rejeter en bloc l'idée de modèle sans rentrer des les détails qui est réactionnaire en science, pas son étude.

3) On est pas chrétien, on ne pense pas que le bout final de l'histoire, c'est le communisme ou une sorte de paradis magnifique. Un marxiste ne fait pas de morale. Si une classe est susceptible de prendre le pouvoir, c'est bien le prolétariat dans son ensemble, qui si il renverse la société, n'aura plus personnes à exploiter en tant que classe, en sachant qu'on aura socialisé les moyens de productions par la même occasion, on aura aboli toute forme de domination de l'homme par l'homme, donc plus de classes sociales. Marx insistait sur le fait que le communisme "est une figure nécessaire" et un "principe dynamique", mais qu'il n'est pas "comme tel, le but de l'évolution humaine - la figure définitive de la société humaine (...).", donc un début de règne d'une liberté pleine et entière, la fin de la préhistoire de l'homme et l'ouverture de beaucoup d'autres possibilités.

Pour essayer de récapituler :
- Analyse de l'infrastructure de la société, des forces productives (Force de travail + moyen de production), des rapports sociaux de productions (Organisation sociale autour des moyens de productions : Qui possède, qui travaille, qui redistribue les marchandises... et constitués par le type de propriété des moyens de production qui existent à telle ou telle époque (propriété terrienne sous le féodalisme, propriété privé des entreprises sous le capitalisme...) et de la formation des classes sociales comme base de l'exploitation de l'homme par l'homme, (Justification anthropologique qui montre ceci il y a plus de 8000 ans, avec la révolution au néolithique) à cause de la division sociale du travail.
- Analyse de la superstructure, donc des idées et des justifications trouvés à un moment pour qu'il y a tel ou tel ordre social, montrer leur rapport dialectique et les contradictions qui existent inévitablement. L'infrastructure détermine en grande partie la superstructure (Droit pour la protéger, idéologies pour la justifier, politiques pour la pérenniser...).

«Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté; ces rapports de production correspondent à un degré du développement de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports forme la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s'élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuel. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. A un certain degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de production existants, ou avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors, et qui n'en sont que l'expression juridique. Hier encore formes de développement des forces productives, ces conditions se changent en de lourdes entraves. Alors commence une ère de révolution sociale....» Contribution à la Critique de l'Économie Politique, Karl Marx

Le matérialisme historique est donc un outil essentiel du marxisme. Malgré son nom, il ne s'agit pas seulement, à travers cet outil, de comprendre le passé, le pourquoi et le comment de l'enchaînement des différents types de sociétés qu'a connu l'humanité. Le matérialisme historique permet également de comprendre quelles sont les forces sociales à l'oeuvre aujourd'hui, ce qu'elles représentent, et finalement, où il est le plus utile de concentrer l'action révolutionnaire.

P.S : Voilà, c'est long mais assez détaillé. Je remercie le wiki' rouge pour m'avoir permis en grande partie de tirer les citations ou les tournures de phrases. Car seul, je n'aurais pas pu poter une telle analyse et en faire la démonstration aussi longuement.
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Message par Révolte Mer 15 Fév - 19:19

C'est captivant. Merci bien.
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Message par Camarade Troska Lun 27 Fév - 18:54

Pour voir ce que serait une analyse matérialiste de l'Histoire, voici un article des Redskins Limoges :

Introduction

Finies les Trente Glorieuses. Un discours se re-développe depuis quelques temps et imprègne tous les milieux : celui de la négation de la nécessité de la lutte de classe au profit de la lutte pour l'intérêt national contre l'ennemi étranger –culturellement, moralement ou physiquement différent–. L'ouvrier et le patron main dans la main pour pouvoir subvenir à l'ordre et à la paix sociale nécessaires au bon fonctionnement de la cité et de la vie collective... C'est le programme du FN ou de groupes plus sulfureux comme Troisième Voie, qui même s'ils ne le revendiquent pas ouvertement sont bel et bien dans la continuité du modèle corporatif social du fascisme mussolinien, du national-socialisme hitlérien ou encore du syndicalisme jaune en France. C'est aussi les propos d'un Claude Guéant qui affirme que « les civilisations ne se valent pas »...
La civilisation, au sens strict, désigne les populations des villes et le terme remonte à un peu plus de 5000 ans. Dire que les civilisations sont différentes est juste mais affirmer une séparation avec un jugement de valeur insinue alors une prise de position par comparaison et donc une hiérarchisation entre elles, ce qui amène automatiquement aux notions de supériorité et infériorité, qui sont la base du racisme. Les vestiges archéologiques, donc des preuves scientifiques, contredisent toute idée selon laquelle une « race » ou une « culture » aurait été dépositaire d'un génie particulier tirant l'humanité vers l'avant. Au contraire, confrontés à des changements climatiques et écologiques, différents groupes d'humains dans différentes parties du monde se trouvèrent contraints de se tourner vers des techniques nouvelles. Nous allons y revenir.

Cependant, ce n'est pas nouveau, dans notre société moderne et contemporaine de pays riche et industrialisé, ce discours est apparu avec le boulangisme dans les années 1880-90, issu de la combinaison entre nationalisme, socialisme et darwinisme.
A l'époque, la haine du juif devient alors l'élément qui va masquer l'antagonisme et la nécessité de la lutte entre la classe dominante qui possède le capital et dispose des moyens pour faire travailler autrui à son profit (capitalistes, bourgeois) et la classe ne disposant pas de capital qui est contrainte de vendre sa force de travail pour subsister (ouvriers-ères, prolétaires). Hier le juif, aujourd'hui l'islam ? La culture musulmane ? La civilisation arabe ? Une des positions de l'extrême droite maintenant pro-sioniste, en contradiction avec le siècle dernier, c'est d'affirmer qu'en fin de compte « Israël et les juifs sont les représentant-e-s de la civilisation occidentale dans le monde arabo-musulman ».
Nous consacrerons un article spécifique à ce sujet plus tard : les origines fascistes en France dans les années 1880-90 et début 1900, sa continuité et les bases du confusionnisme actuel.

Pour revenir au sujet, nous souhaitons également que cet article soit complémentaire de celui fait par nos camarades du collectif Feu de Prairie s'intitulant « Sparte : aux origines de la lutte ».
Il s'agit également de démythifier le révisionnisme fasciste concernant l'histoire du Monde, notamment l’histoire antique. Le fascisme prend souvent les références grecques, romaines et celtiques comme repères contemporains, symbolisant l'anti-lutte de classe, la continuité historique d’un patriotisme symbolique et du système mythique où toutes les classes collaboreraient. Or depuis l'époque archaïque la lutte de classe régit le monde et traversa l'antiquité.

Avant les classes

Dans notre monde actuel, au milieu de la cupidité, de l'égoïsme, de l'individualisme, des inégalités entre riches et pauvres, des préjugés racistes et chauvins, des pratiques barbares au cours de conflits et de guerres impérialistes ou ethniques, il est tentant de croire les discours soi-disant « scientifiques » comme quoi ces caractéristiques relèvent du monde animal dans son ensemble, qu'elles sont un impératif sociobiologique dicté par de prétendues lois génétiques. En somme, c’est dire que l'humain a toujours vécu et pratiqué ainsi. Le fascisme, par cette caricature du comportement humain, se prétend d'ailleurs être la revanche de l'instinct sur la raison, le retour aux lois naturelles.
C'est méconnaitre l'existence d'éléments scientifiques venant des recherches archéologiques et anthropologiques qui démontrent le contraire.
Notre espèce, l'homo sapiens, l'être humain moderne, a plus de 100 000 ans d'existence, et pendant la quasi-totalité de cette période, elle n'a jamais été caractérisée par les formes de comportements imputées aujourd'hui à la « nature humaine ». L'homme vivait il y a encore 5000 ans, à plusieurs endroits du monde, dans des sociétés où la compétition, l'inégalité et l'oppression étaient inconnues et surtout combattues par la pratique collective et individuelle pour la simple et bonne raison qu'il fallait survivre et perpétuer l'espèce au milieu des prédateurs et d'une nature hostile. Pendant des milliers d'années, les humains partageaient et coopéraient les uns avec les autres sans dirigeant-e-s ni dirigé-e-s, sans riche ni pauvre, sans Etats ni lois. La vie économique impliquait la propriété collective ou commune des terres et des ressources, une réciprocité généralisée et des rapports politiques relativement égalitaires. De telles sociétés existent encore actuellement, à petite échelle, mais pour combien de temps... C'est dans le marxisme ce que l'on appelle le « communisme primitif ». Par descendance, chaque être humain vient de là, c'est la véritable identité historique et commune de l'homme en tant qu'animal social.

Il y a 10 000 ans, le traditionnel mode d'existence et de subsistance, représenté par la chasse et la cueillette, évolue. C'est dans le croissant fertile, au Moyen Orient, que les humains aspirent les premiers à cultiver la terre au lieu de s'en remettre à la nature pour se procurer des végétaux comestibles et à domestiquer des animaux au lieu de se contenter de les chasser. Cette évolution apparaît avec des changements climatiques qui interviennent lors de cette « révolution néolithique ». Pendant les 3000 ans précédents, l'homme était habitué à vivre dans les zones où les plantes sauvages comestibles et le gibier étaient abondants. Le croissant fertile devient de plus en plus sec et froid, la quantité de céréales sauvages et la taille des troupeaux diminuent. C'est donc l'apparition de l'agriculture et de l'horticulture plus spécifiquement. Cette évolution imprègne, en plus ou moins de temps, les autres groupes éparpillés dans le monde se confrontant aux mêmes problèmes naturels.
Bien que cette révolution marque d'un pas l'évolution via le changement de mode de vie, l'apparition du travail, la plupart des valeurs fondamentales restèrent bien plus proches de celles des sociétés de chasseurs-cueilleurs que de celles que nous considérons comme « naturelles » dans nos sociétés de classes.

L'apparition des classes et de leurs divisions

Les classes apparaissent avec les civilisations. L'évolution vers l'agriculture devient le centre d'une évolution généralisée en termes de société. Les civilisations sont le fruit du savoir-faire en matière de construction. Les humains deviennent capables d'extraire, de transporter, d'ériger et de sculpter de grands blocs de pierre, de les décorer d'œuvres artistiques et dans certains cas de développer des modes d'écriture leur permettant de décrire leurs comportements et leurs émotions.
Mais les problèmes liés à la nature imprévisible demeurent. Pour continuer une vie de sédentaire alors que la population augmente, les groupes d'humains n'eurent que deux options. La première consistait à piller les ressources et denrées alimentaires appartenant à d'autres groupes agriculteurs. C'est ainsi que la guerre devint un trait caractéristique de ces sociétés, ce qui amena à « l’âge de bronze » et le perfectionnement des armes. La deuxième option fut de développer des formes d'agriculture plus intensives pour éviter les famines, donc en même temps perfectionner les outils. Ceux et celles qui n'en furent pas capables à ce moment disparurent ou se dispersèrent.

Avec le perfectionnement du mode de production, apparaît un élément alors inconnu : le surplus. Cet élément déclenche automatiquement une mutation des relations sociales, la modification des formes de coopération dont la première est la division sexuelle du travail. Les femmes furent les grandes perdantes et surtout furent les plus oppressées de la polarisation en classes de la société et de l'apparition de l'Etat. Les nouvelles techniques de production intensive tendaient à donner la priorité au travail des hommes sur celui des femmes. La cueillette, dont les femmes s’occupaient majoritairement avant les mutations sociales dont nous venons de parler, était la principale source de nourriture dans les sociétés du communisme primitif, et elle était compatible avec le transport et l'allaitement des enfants. Mais l'évolution des techniques demanda une toute autre implication. Les femmes reçurent alors un rôle subalterne à partir de ce tournant puisque les enfants ne pouvaient plus les accompagner dans l’accomplissement des tâches.

Le surplus, ne pouvant être consommé immédiatement et symbolisant la continuité de la vie sociale, devait alors être stocké dans des constructions. Un groupe d'humains eu la charge de surveiller ces stocks, et s'attribua le rôle prestigieux de responsables de la survie de la communauté. Élevé-e-s au rang de puissant-e-s, de responsables de la réussite future, contrôlant la vie du reste de la population, ce groupe d'humains exigea obéissance et respect de la part du reste du peuple. Les silos de stockage furent les premiers temples et leurs gardiens les premiers prêtres. Autour d'eux apparaît la spécialisation du travail : construction, artisanat, textiles.... Ce processus interviendra dans chaque civilisation dont le premier élément est l'agriculture.
Bien que la civilisation soit considérée comme la grande avancée qui sépare l'histoire de la préhistoire, elle est accompagnée de bouleversements négatifs : le développement de divisions de classes, l'instauration d'une minorité privilégiée vivant du travail des autres, la mise en place de corps d'armes, de soldats, de police secrète destinés à asseoir le pouvoir de cette minorité sur le reste de la société. L'apparition de l'esclavage, c'est à dire la possession physique de certaines personnes par d'autres, est une preuve de ce développement non seulement en Mésopotamie mais aussi dans bien d'autres civilisations.

Comment alors passer de groupes d'hommes n'ayant jamais manifesté de velléité de domination à des oppresseurs ? Comment passer du communisme primitif à son contraire ? La réponse marxiste, qui est la plus scientifiquement prouvée, est justement dans le fait que les classes sont nées à partir des changements dans la production des moyens de subsistance. Cela exigeait que certains individus soient libérés des tâches agricoles pour coordonner les activités du groupe et faire en sorte qu'une partie du surplus ne soit pas immédiatement consommée mais stockée dans des réserves. Ces responsables devinrent progressivement les « maîtres » considérant que le contrôle qu'ils exerçaient sur les ressources se faisait dans l'intérêt de la société.

Création des Empires et luttes de classe à l'époque archaïque et antique

Il arriva cependant un stade où cette classe dirigeante, de par son pouvoir abusif et son élévation, empêcha désormais toute avancée nouvelle. Et cette absence de progrès du mode de production face à une population toujours plus croissante ne fit qu'épuiser les ressources de la société. Les évènements naturels toujours incontrôlés ramenèrent des famines et provoquèrent de grands bouleversements sociaux.
Il y a plus de 4000 ans, un conflit d'intérêt entre la minorité dirigeante et la masse de paysans dépendants éclata en Égypte sous l'Ancien Empire. La chute de l'Ancien Empire selon certains archéologues et historiens serait la cause d'une véritable « révolution sociale ». D'une façon similaire, la chute des civilisations méso-américaines de Teotihuacan, Monte Alban et des Mayas du sud est souvent attribuée à des révoltes paysannes.
Pour pallier à cette crise, un système de délégation et de structuration du pouvoir se mit en place. Sous une concentration pyramidale, de nouvelles classes subalternes et intermédiaires accompagnent la minorité dirigeante : prêtres, gouverneurs, commerçants...
C'est dans cette nouvelle évolution politique que se créent les Empires. Les crises que traversaient les premières civilisations nées de la première révolution urbaine furent l'occasion pour les nouvelles classes en pleine apogée de puissance et de contrôle de les faire disparaître soit en les détruisant soit en les absorbant. Ainsi, les « Aryens » de la région de la Caspienne s'en prirent à la civilisation de l'Indus ; les peuples du Sud-Est de l'Europe parlant la langue « indo-européenne » parente, investirent la Grèce mycénienne ; la société des « Peuples de la mer » attaqua l'Egypte ; les Hittites conquirent la Mésopotamie et les Zhou détrônèrent les Shang en Chine.

Prenons maintenant l’exemple grec dont l'extrême droite raffole tant en références historiques et mythiques.
Il y a 2500 ans, la civilisation florissante, après L'Egypte, l'Inde et la Chine, est la Grèce antique. Celle-ci, au IXème siècle avant J.-C. était au même niveau que les peuples agriculteurs d'Afrique et d'Eurasie, mais sa situation géographique et l'arrivée du commerce, ainsi qu’également sa situation climatique (recherche de nouvelles terres fertiles) vont la pousser à aller bien au-delà.

Surplus, augmentation de la population... poussent à démarrer des entreprises d’édification de différentes constructions dont des ateliers adéquats pour les cités. C'est donc l'occasion de trouver une force de travail peu coûteuse grâce aux prisonniers de guerre : les esclaves.
Le coût d'un esclave à Athènes il y a plus de 2500 ans était de moins de la moitié du salaire payé à un artisan libre pour une année de travail. Certes l'esclavage existait dans les civilisations anciennes, mais n'avait qu'un rôle marginal dans la production de surplus d'une société. La Grèce fut la première à utiliser l'esclavage comme source majeure de production du surplus. A tel point que la majorité des gens considérait la possession d'esclaves comme indispensable à la vie civilisée. L'esclavage devient alors clairement la classe travailleuse et exploitée, présente partout où le sont le travail et la production. C'est l'esclavage qui va être déterminant dans l'oisiveté des dirigeants et donc dans l’affirmation d’un antagonisme de classe dans la société.

Cependant les révoltes d'esclaves ne vont pas ponctuer l'histoire de la Grèce antique comme c’est le cas avec les révoltes paysannes en Chine à la même période ou encore la révolte bien organisée et victorieuse des serfs hilotes Spartiates. Les caractéristiques de l'esclavage grec puis romain rendaient très difficiles les révoltes à l'encontre des exploiteurs. Prenons la situation géographique de la Grèce : elle lui permettait de commercer avec différents peuples, sur les marchés côtiers méditerranéens, donc des cultures et surtout des langues différentes. Les esclaves présentaient donc ces mêmes différences et la coordination entre esclaves était presque impossible avec le simple barrage de la langue. Les esclaves furent ainsi rarement en mesure d'intervenir pour leur propre compte dans le processus historique.

Mais cette situation engagea une lutte qui opposa les classes relativement riches entre elles. Beaucoup de Cités-Etat grecques virent leur système monarchique renversé au profit d'un système républicain oligarque dirigé par les riches. Ce changement, sorte de révolution bourgeoise dans le contexte antique, était le résultat de l'affirmation de cette nouvelle classe enrichie sur le dos du commerce d'esclaves. Cette nouvelle classe était contrariée à la fois par les privilèges des anciennes familles régnantes et par leurs propres obligations traditionnelles à l'égard des pauvres.
Ces nouveaux riches délogèrent les anciens dirigeants traditionnels en usant de leur situation et s'assirent sur le pouvoir en imposant à ceux qui leurs étaient inférieurs dans la hiérarchie sociale de payer pour les dépenses de l'Etat. Les mauvaises récoltes, fréquentes, précarisaient à l'extrême nombre de paysans et artisans, qui, pour s'acquitter des impôts, devaient s'endetter auprès des riches.
Dans certains Etats, les soulèvements des couches inférieures de la société provoquèrent la chute de l'oligarchie et la tyrannie et mirent en place la « démocratie » signifiant littéralement « règne du peuple ». Cette démocratie aux mains de riches propriétaires dissidents, n'était pas totale (pas de place pour les femmes et les « métèques ») et ne remettait évidemment jamais en cause la division de classe, le rôle dirigeant-dirigé. Néanmoins la démocratie donnait aux citoyens pauvres les moyens de se protéger contre les extorsions des riches.

Cette révolution politique à l'antiquité, comme toute révolution, suscita une contre-révolution de la part des classes supérieures qui avaient les moyens militaires et financiers. L'histoire de la Grèce antique, de ses cités, est continuellement tiraillée par ses tensions et ses guerres de classes souvent couronnées de succès pour les riches propriétaires ennemis du pouvoir populaire.
Il en est de même pour Rome. La constitution politique des premiers temps de la République romaine vers -500 octroyait le monopole du pouvoir à l'élite héréditaire des familles « patriciennes ».
15 ans après la fondation de la République, devant une situation totalement bouchée et tyrannique, une première révolte éclata marquant le début d'une guerre de classe intense marquée par plusieurs vagues. Cette première révolte, véritable pression populaire en arme, amena les premières avancées pour le peuple: l'apparition des tribuns plébéiens, élus populaires chargés de protéger le peuple contre les magistrats et autres fonctionnaires patriciens. Les tribuns n'hésitaient pas à s'interposer physiquement aux injustices, en retour, les plébéiens avaient fait serment collectif de lyncher quiconque porterait la main sur un tribun. C'est ainsi que les plébéiens furent petit à petit admis dans les instances décisionnaires et judiciaires de la société, par pression populaire.

Cependant, abandonnant leur monopole, les patriciens virent l'émergence d'une nouvelle noblesse, à laquelle certains plébéiens purent accéder, la plèbe devant accepter cette situation car pas de possibilité d'autres défenseurs. Ce ne sera pas la dernière fois dans l'histoire que les intérêts des dirigeants aisés d'une lutte se révéleraient très différent de ceux de leurs partisans...

En tout cas nous le voyons bien, la lutte de classe est le moteur de l'histoire. Elle fut présente en tout temps et en tout lieu. L'histoire de la société jusqu'à nos jours reflète la division de la société en classes sociales (« homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés ») qui s'opposent dans une lutte ininterrompue, tantôt déclarée, tantôt larvée, pacifique ou non. La société capitaliste moderne, en renversant les divisions en ordres de la société féodale n'a pas aboli les antagonismes de classe, mais les a remplacés par des nouveaux.

Analyse réalisé à partir du (très!) bon livre de Chris Harman "Une Histoire Populaire de l'Humanité", que je suis entrain de lire :

De la révolte de Spartacus à la guerre des Paysans, de la rébellion des Boxers en Chine à celle des Diggers et des Levellers en Angleterre, des luttes des ouvrières du textile dans l'Amérique de la fin du XIXe siècle à la révolution russe, ce livre adopte le point de vue des délaissé-e-s de l'histoire « officielle ». Il offre une formidable plongée dans les combats que n'ont cessé de mener, à toutes les époques, les révolté-e-s, les dominé-e-s et les minorités du monde entier pour affirmer leurs droits et leur légitimité politiques. L'ambition de Chris Harman est à la fois de montrer que l'Occident n'est pas le centre universel de l'humanité, et que ce sont les rapports de forces au sein d'une société, les interactions entre les hommes et la nature, entre les hommes et les techniques, entre les hommes et les idées, qui fondent les dynamiques des changements sociaux.
Point ici de rois et de reines, de généraux, de ministres ou de prétendus « grands hommes », mais des femmes et des hommes ordinaires qui ont dû lutter, s'organiser, mettre en place des stratégies de résistance et de conquête contre des puissances et des systèmes oppressifs : le servage, le féodalisme, le colonialisme, le capitalisme. Et si aujourd'hui le système capitaliste semble avoir colonisé jusqu'aux corps et aux esprits, l'histoire, nous prévient Harman, réserve des surprises : elle n'est pas une mécanique déterminée par un ensemble de coordonnées préexistantes ; elle est ouverte aux possibles et peut basculer, pour peu que les forces nécessaires soient capables de s'organiser, dans le sens d'une forme de société véritablement émancipatrice. Ce livre est un hommage vibrant aux « vaincus de l'histoire » chers à Walter Benjamin, qui continuent de nourrir notre époque de leurs potentialités révolutionnaires.
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Message par Cam-s Sam 14 Avr - 17:06

J'ai lu le trois quarts de ce que tu as écrit, ça m'a beaucoup intéressé mais je n'ai pas encore exactement compris ce qu'est le Marxisme et le matérialisme.
Sinon j'aimerai bien faire des analyses philosophiques comme toi plus tard. :-D
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Message par Révolte Sam 14 Avr - 17:24

Voilà t'as un fan Troska cheers
UMFA en crève de jalousie Mort de rire
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Message par Camarade Troska Sam 14 Avr - 18:08

La cause du prolétariat s'agrandit ! Mort de rire
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Message par UMFA Sam 14 Avr - 18:11

UMFA en crève de jalousie


Non. Mais... Euh... Rien n'est humiliant comme de voir les sots réussir dans les entreprises où l'on échoue ! (Flaubert).

Bon. En fait oui... UMFA est jaloux.
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Message par Camarade Troska Sam 14 Avr - 18:24

Faut pas camarade, Révolte tente de nous détourner de notre fraternelle camaraderie !
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Message par UMFA Sam 14 Avr - 18:29

Le jaloux, ce serait donc Révolte.... je comprends mieux ! Mort de rire
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Message par Révolte Sam 14 Avr - 18:37

Qu'est ce qu'il faut pas entendre m'en fout
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Message par Camarade Troska Sam 14 Avr - 18:49

Tapez vous sur la gueule !
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Message par UMFA Sam 14 Avr - 18:51

Un duel serait plus drôle qu'une vulgaire rixe.
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Message par Révolte Sam 14 Avr - 18:58

Au pistolet comme à l'ancienne l'Ami. On va leur montrer ce qu'est l'honneur :p
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Message par Camarade Troska Sam 14 Avr - 19:03

J'abat le survivant.
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Message par Révolte Sam 14 Avr - 19:09

Au canon avec douze potes? :p
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Message par UMFA Sam 14 Avr - 19:12

Si un jour je m'engage en politique, ce sera certainement pour le retour au duel. Ça au moins, c'est une valeur sûre.
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Message par aoxomoxoa Lun 28 Mai - 23:34

C'est un bon résumé.

J'ai une critique à formuler :

On est pas chrétien, on ne pense pas que le bout final de l'histoire, c'est le communisme ou une sorte de paradis magnifique. Un marxiste ne fait pas de morale. Si une classe est susceptible de prendre le pouvoir, c'est bien le prolétariat dans son ensemble, qui si il renverse la société, n'aura plus personnes à exploiter en tant que classe, en sachant qu'on aura socialisé les moyens de productions par la même occasion, on aura aboli toute forme de domination de l'homme par l'homme, donc plus de classes sociales. Marx insistait sur le fait que le communisme "est une figure nécessaire" et un "principe dynamique", mais qu'il n'est pas "comme tel, le but de l'évolution humaine - la figure définitive de la société humaine (...).", donc un début de règne d'une liberté pleine et entière, la fin de la préhistoire de l'homme et l'ouverture de beaucoup d'autres possibilités.

Peut-être que le marxisme ne conçoit pas la fin de l'histoire par le communisme. Cependant, en conservant le principe dialectique de Hegel et en lui adjoignant un volontarisme politique de transformation de la société par le progrès, il implique nécessairement une fin de l'histoire - quelle qu'elle soit - puisqu'il arrivera nécessairement un jour où toutes les contradictions seront résolues. C'est une version athée de cette bonne vieille théodicée chrétienne.
Heureusement pour changer la donne de temps à autres, il reste encore les élément extérieurs à la société pouvant la déterminer considérablement : pluies de comètes, désastres écologiques à répétition, épidémies... Ces déterminants aident à rendre l'histoire absurde, ils sèment la graine de l'éternel retour du différent.

Et puis, qu'est-ce qu'un monde sans contradictions ? Un monde sans mouvement, sans vie ni aucun chaos. Ca ne fait pas vraiment envie ! Joyeux

Question : est-ce que le matérialisme dialectique permet de mieux comprendre l'échec des révolutions marxistes, ou, mieux, d'expliquer en quoi ces échecs étaient prévisibles à l'avance ?
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Message par Camarade Troska Mar 29 Mai - 8:50

Le communisme (ou le "marxisme"), n'a pas de but téléologique comme l'a Hegel quand il dit que la société avec l'Etat moderne est l'incarnation de la Raison à travers l'Histoire. Je pense que c'est une façon détourné par beaucoup de marxistes ou de révolutionnaires, de parler du "paradis socialiste" ou "paradis ouvrier", ce qui pourrait faire penser qu'il y a une trace religieuse dans le marxisme, or il n'en ai rien, ou alors, Marx essaye de le faire partir.

Je m'explique : Faut se souvenir que Marx et Engels étaient des jeunes hégélien de gauche, à la veille et pendant 1848 en Allemagne. Il y avait d'énormes débats au sein de ce mouvement, entre Marx et Bauer, entre Engels et Bakounine (Qui était hégéliens, sisisi) et finalement, un bonhomme va venir foutre un pied au cul philosophique à Marx : Stirner, dans l'Individu et sa Propriété. Dans ce bouquin long et chiant, écrit spécialement pour l'élite hégélienne, Stirner dit clairement que le communisme de Marx est une religion humaniste qu'il tire de Feuerbach, qui bien qu'il puisse être "matérialiste", selon Stirner, "il fait sortir Dieu par la porte pour le faire rentrer par la fenêtre". En d'autres termes, Stirner fait comprendre à Marx la nécessité de se débarrasser de toute trace d'humanisme ou de religiosité. La suite on la connait, Marx a toujours été très rancunier, il a pondu un bouquin qui s'intitule Saint Max, où il atomise le pauvre Stirner sur jenesaispluscombiendepages. (Ce n'était pas nécessaire, ce mec avait assez de problèmes)
Donc je pense qu'il y a dépassement de la vision téléologique de l'histoire, mais d'affirmer la nécessité le communisme non pas comme un messianisme, mais comme tu le soulignes plus loin, comme un système économique, d'idées et de valeurs qui apparaît au travers des contradictions du système capitaliste !

"Le communisme n'est pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l'état actuel. Les conditions de ce mouvement résultent des prémisses actuellement existantes" K.M.

Clin d'oeil

Question : est-ce que le matérialisme dialectique permet de mieux comprendre l'échec des révolutions marxistes, ou, mieux, d'expliquer en quoi ces échecs étaient prévisibles à l'avance ?
Les deux. Je pense que cet outil sert autant pour analyser la situation du capitalisme, mais ce qu'était l'URSS, ses alliés ou la Chine de Mao. Maintenant, je ne sais pas si elles étaient "des échecs prévisibles à l'avance", je pense qu'il faut sortir du fantasme anarchiste "Si c'est pas fait comme nous, ça ne peut pas marcher ! Bouuuuh, sale rouge !" (Note que tu peux faire la même chose, avec un accent russe et un drapeau de Staline) La situation dans ces pays est complexe et mérite d'être analysé plus en profondeur que les trucs habituels qu'on peut entendre dans les milieux révolutionnaires. On doit analyser, comprendre, tirer des conclusions, pour ne pas se faire avoir une nouvelle fois. C'est marrant que tu me parles de messianisme quelques lignes plus haut, alors que tu en fais quelques lignes plus loin, en disant que "les échecs étaient prévisibles".

Une chose est sûr pour moi : Je n'aurais jamais voulu être Lénine après la prise de pouvoir en 1917, parce que c'était vraiment, mais vraiment une situation de merde. Alors tous les cons qui balancent "Lénine est un gros con" ou "Lénine = Staline", je n'ai même pas envie de leur répondre. Joyeux
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Message par Révolte Mar 29 Mai - 14:50

"Lénine = Staline", je n'ai même pas envie de leur répondre.
Analyse Voline, enfin tout ça tu le sais. Je vais ouvrir un débat sur la Makhnovchtchina.
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Message par Camarade Troska Mar 29 Mai - 16:51

J'ai lu Voline, et je ne suis pas entièrement d'accord avec son analyse.
Lénine n'a rien à voir avec Staline, de par le bonhomme, ses idées et son opposition constante à la politique brutale de Staline. C'est un argument de la bourgeoisie pour dénigrer le communisme ou la révolution.
Comme quand on dit que Lénine était pour une avant-garde éclairé, c'était en 1904, après il y a eu les thèses d'Avril, l'Etat et la Révolution... Il a du imposer aux bolcheviks le mot d'ordre "Tout le pouvoir au soviet", etc etc...
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Message par aoxomoxoa Mar 29 Mai - 18:21

Attention j'ai bien précisé plus haut que le marxisme n'avait pas d'objectif téléologique - effectivement Marx n'a jamais dit que le communisme était un horizon indépassable - mais qu'en liant la dialectique historique à un volontarisme politique de transformation sociale par le progrès, il admet inévitablement une fin de l'Histoire - de quelque nature qu'elle soit, lorsque toutes les contradictions sociales auront été résolues. Dire cela ce n'est pas dire que le marxisme est messianique.

Je suis moi aussi familier de Stirner (un peu moins des autres hégéliens de gauche, surtout Bauer) et de Voline. Je pense personnellement que Stirner avait raison de s'en prendre à ces fantômes chrétiens et humanistes résurgents dans la doctrine marxienne. Non seulement sur cette question téléologique, mais aussi - et surtout - sur la question du travail.

A propos de Voline, j'avoue que ça fait plus de dix ans que j'ai lu la révolution inconnue et que le portrait qu'il peint de Lénine est devenu un peu flou dans ma mémoire. Je m'en souviens comme d'un tueur zélé du spontanéisme insurrectionnel et d'un obsédé des appareils de parti (tout ce que j’exècre personnellement). Cependant, comme tu le dis Trotska, je n'aurais pas aimé être dans sa peau en 1917 - même s'il a profondément désiré être à cette place.

Les deux. Je pense que cet outil sert autant pour analyser la situation du capitalisme, mais ce qu'était l'URSS, ses alliés ou la Chine de Mao. Maintenant, je ne sais pas si elles étaient "des échecs prévisibles à l'avance", je pense qu'il faut sortir du fantasme anarchiste "Si c'est pas fait comme nous, ça ne peut pas marcher ! Bouuuuh, sale rouge !" (Note que tu peux faire la même chose, avec un accent russe et un drapeau de Staline) La situation dans ces pays est complexe et mérite d'être analysé plus en profondeur que les trucs habituels qu'on peut entendre dans les milieux révolutionnaires. On doit analyser, comprendre, tirer des conclusions, pour ne pas se faire avoir une nouvelle fois. C'est marrant que tu me parles de messianisme quelques lignes plus haut, alors que tu en fais quelques lignes plus loin, en disant que "les échecs étaient prévisibles".

Tu sais bien que Bakounine avait prévu cinquante ans à l'avance les conséquences mécaniques de la mise en pratique de la dictature du prolétariat. De tels effets mécaniques sont aussi "simples" à prévoir que les dates de passage des comètes ; point de messianisme là-dedans, ni même d'analyste matérialiste dialectique. Le simple bon sens déductif a fait l'affaire.

NB : quant à moi je ne suis pas révolutionnaire. La révolution aboutit invariablement à une situation reproduisant les schémas préexistants. C'est bien triste mais c'est comme ça.
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Message par Camarade Troska Mar 29 Mai - 19:05

Je ne pense pas que la "Révolution" soit la fin de l'Histoire, mais plutôt le commencement d'autre chose. Il y aura toujours des contradictions à résoudre selon moi, la dialectique matérialiste ne disparaîtra pas parce qu'on a fait la révolution et instauré le "communisme", ou donne lui le nom que tu voudras. A mon sens, tout ceci n'a pas de fin, puisque le processus révolutionnaire est dialectique, il détruit les contradictions et devra en résoudre d'autres, encore et toujours. C'est pour ça que pour ma part, j'aime beaucoup la définition de ce que pourrait être une révolution culturelle, c'est à dire maintenir une ligne idéologique qui permette de continuer à avancer vers notre modèle de société, plus humain, égalitaire, bla bla bla.

Je m'en souviens comme d'un tueur zélé du spontanéisme insurrectionnel et d'un obsédé des appareils de parti
Mouais...

- Si Lénine s'est détourné du spontanéisme insurrectionnel, c'est parce que son frère -anarchiste- s'est fait dégommer par les tsaristes et qu'il s'est rendu compte que les anarchistes russes de la mouvance nihiliste-populiste étaient souvent des gars dans le romantisme, dans la bombe et pas souvent dans le concret. Cela dit, il faut savoir qu'il y avait énormément d'anarchistes qui sont rentrés au PCB, et Lénine a du en tenir compte : C'est pour ça qu'il détestait son bouquin "Que Faire", qu'il regrettait d'avoir écrit dans sa période blanquiste et pro-dictature éclairé d'une avant garde. Si tu lis les thèses d'Avril pour l'Etat et la Revolution, c'est limite si il te ponds pas la Commune toutes les cinq lignes...

- La société hérité du tsarisme était rongé par une bureaucratie abominable et lourde. Maintenant, tu penses sincèrement que tu élimines une bureaucratie comme ça ? "Allez hop les gars, plus d'Etat, fini, tout le monde dégage !" ????
Je trouve ça assez idéaliste, et il s'est confronté à la réalité du terrain, qui n'était pas la même que celle qu'il avait pu théorisé dans l'Etat et la Révolution. Plein de choses sont critiquables chez Lénine, énormément même. Il n'en reste pas moins un mec grandement pragmatique qui force le respect, qu'on l'aime, ou qu'on ne l'aime pas. Et comme je vais le (re)souligner, je n'aurais pas aimé avoir sa vie de 1917 à 1923, un combat à mort permanent pour bâtir une nouvelle société, avec toutes les tares d'un pays arriérés, les bureaucrates, les planqués du Parti, Staline et toutes les merdes qui allaient avec.

Tu sais bien que Bakounine avait prévu cinquante ans à l'avance les conséquences mécaniques de la mise en pratique de la dictature du prolétariat.
Bakounine avait raison, mais Bakounine disait aussi qu'il voulait une dictature... Tu peux trouver la citation dans la Société du Spectacle de Debord. Bakounine est à égal pour moi avec Marx, sincèrement, mais insulter Marx "d'autoritaire", quand on est dans le fantasme de la dictature invisible, qui doit mener le coup de force... De vieilles résurgences de son époque avec Netchaiev sans doute. Très heureux

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Message par aoxomoxoa Mar 29 Mai - 20:19

Camarade Troska a écrit:Je ne pense pas que la "Révolution" soit la fin de l'Histoire, mais plutôt le commencement d'autre chose. Il y aura toujours des contradictions à résoudre selon moi, la dialectique matérialiste ne disparaîtra pas parce qu'on a fait la révolution et instauré le "communisme", ou donne lui le nom que tu voudras. A mon sens, tout ceci n'a pas de fin, puisque le processus révolutionnaire est dialectique, il détruit les contradictions et devra en résoudre d'autres, encore et toujours. C'est pour ça que pour ma part, j'aime beaucoup la définition de ce que pourrait être une révolution culturelle, c'est à dire maintenir une ligne idéologique qui permette de continuer à avancer vers notre modèle de société, plus humain, égalitaire, bla bla bla.

Je suis d'accord avec toi en ce qui concerne la révolution, elle n'a rien à faire avec la notion de fin de l'histoire. Ce n'était pas mon propos. La révolution n'est qu'un mode collectif de transformation de la société, un moyen parmi d'autres. J'aurais même de plus en plus tendance à penser que la révolution est un moyen sans fin.

La dialectique pourrait être perpétuelle, résolvant des contradictions tout en en créant d'autres, s'il n'était pas aussi question avec le marxisme de réagir en faisant acte de volontarisme politique. C'est précisément ce volontarisme revendiqué par le marxisme qui indique que les transformations de la société seront pensées de manière à empêcher l'émergence de nouvelles contradictions. Evidemment dans la vie réelle cela n'a aucune chance d'arriver ; néanmoins la théorie ne souffre pas de la même aspérité et admet donc à terme la réduction de toutes les contradictions, donc la fin de l'histoire.

Il est d'ailleurs intéressant de noter que les anciens soixante-huitards marxisants ou post-hippies reconvertis au libéralisme le plus décomplexés n'ont pas hésité à annoncer à l'aube du XXIème siècle une fin de l'Histoire inscrite dans le capitalisme financier et mondialisé triomphant. Ce n'est pas un hasard. Marxisme dévoyé, certes, mais analyse matérialiste dialectique pour sûr.

Proudhon était fondamentalement opposé à la dialectique de Hegel puisque, selon lui, il ne faut surtout pas essayer de résoudre les contradictions. Ce sont elles qui sont à l'origine de l'émergence du chaos propice à toute vie et à toute puissance. D'où sa proposition de dialectique sérielle, recommandant de favoriser les contradictions dont peut résulter de la positivité (augmentation de puissance des parties impliquées) et de fuir les contradictions délétères.

Camarade Troska a écrit:
Je m'en souviens comme d'un tueur zélé du spontanéisme insurrectionnel et d'un obsédé des appareils de parti
Mouais...

- Si Lénine s'est détourné du spontanéisme insurrectionnel, c'est parce que son frère -anarchiste- s'est fait dégommer par les tsaristes et qu'il s'est rendu compte que les anarchistes russes de la mouvance nihiliste-populiste étaient souvent des gars dans le romantisme, dans la bombe et pas souvent dans le concret. Cela dit, il faut savoir qu'il y avait énormément d'anarchistes qui sont rentrés au PCB, et Lénine a du en tenir compte : C'est pour ça qu'il détestait son bouquin "Que Faire", qu'il regrettait d'avoir écrit dans sa période blanquiste et pro-dictature éclairé d'une avant garde. Si tu lis les thèses d'Avril pour l'Etat et la Revolution, c'est limite si il te ponds pas la Commune toutes les cinq lignes...

Tu fais ici le portrait d'un réalisme politique qui a pourtant été très décrié par les marxistes - puis les léninistes - lorsqu'il s'est agi de dénoncer le parlementarisme mollasson des "sociaux-traitres" socialistes (voir à ce sujet les charges d'un Georges Sorel à propos des parlementaires socialistes français). Je ne peux qu'être d'accord avec cette description clinique. Certes le réalisme politique d'un Lénine n'est pas celui d'un Millerand ; néanmoins le glissement idéologique et pratique induit par ce réalisme est dans les deux cas de même nature : l'art du compromis.

Camarade Troska a écrit:- La société hérité du tsarisme était rongé par une bureaucratie abominable et lourde. Maintenant, tu penses sincèrement que tu élimines une bureaucratie comme ça ? "Allez hop les gars, plus d'Etat, fini, tout le monde dégage !" ????
Je trouve ça assez idéaliste, et il s'est confronté à la réalité du terrain, qui n'était pas la même que celle qu'il avait pu théorisé dans l'Etat et la Révolution. Plein de choses sont critiquables chez Lénine, énormément même. Il n'en reste pas moins un mec grandement pragmatique qui force le respect, qu'on l'aime, ou qu'on ne l'aime pas. Et comme je vais le (re)souligner, je n'aurais pas aimé avoir sa vie de 1917 à 1923, un combat à mort permanent pour bâtir une nouvelle société, avec toutes les tares d'un pays arriérés, les bureaucrates, les planqués du Parti, Staline et toutes les merdes qui allaient avec.

Je suis d'accord avec toi lorsque tu évoques la réalité du terrain. Qu'il s'agisse de la Révolution française, de la Commune, de la Révolution russe, de l'Ukraine, les situations de guerre ou de guerre civiles ne jamais propices à la mise en place raisonnée du meilleur des mondes. Ce qui est en tout cas notable dans ce cas précis, c'est que la révolution opérée par Lénine n'a aboutit qu'à reproduire les schémas bureaucratiques du tsarisme qu'elle entendait dépasser.

Mais s'agissait-il réellement d'une révolution ? Voline décrit très bien la prise du palais d'hiver par une poignée de bolchéviks en armes, sur un mode rappelant bien plus le tristement célèbre 18 Brumaire qu'autre chose. Que pensaient Marx et Lénine de Napoléon Bonaparte ?

Dans mon souvenir, Voline montre assez bien de quelle manière le pouvoir politique corrompt les âmes. Lénine voulait être la tête pensante de l'avant-garde de la révolution ; il a tendu la moindre partie de son corps vers cet objectif et cela tant qu'il l'a pu. Ce qui, d'un strict point de vue anarchiste, n'est pas un désir enviable.

Camarade Troska a écrit:
Tu sais bien que Bakounine avait prévu cinquante ans à l'avance les conséquences mécaniques de la mise en pratique de la dictature du prolétariat.
Bakounine avait raison, mais Bakounine disait aussi qu'il voulait une dictature... Tu peux trouver la citation dans la Société du Spectacle de Debord. Bakounine est à égal pour moi avec Marx, sincèrement, mais insulter Marx "d'autoritaire", quand on est dans le fantasme de la dictature invisible, qui doit mener le coup de force... De vieilles résurgences de son époque avec Netchaiev sans doute. Très heureux

Je ne me permettrais pas d'insulter Marx, je ne le connais pas assez pour cela. Tout au mieux peut-on lui reprocher une certaine inconséquence, certainement lié à son détachement des milieux travailleurs, et à l'idéalisme théorique qui en a nécessairement résulté. Peut-être Marx et Engels auraient-ils du s'en tenir à l'analyse économique, particulièrement propice à l'étude en chambre ?

PS : quelle page dans la société du spectacle ? J'ai ce bouquin mais je n'ai pas pu dépasser les trente premières pages. Je déteste cette manière très hégélienne de rédiger un livre. C'est con parce que ça a l'air plutôt intéressant.
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Message par Camarade Troska Mar 29 Mai - 21:10

Livre très intéressant reste t-il, malgré sa difficulté. je cite le passage en entier dans le livre :

"Bakounine combattait l'illusion d'une abolition des classes par l'usage autoritaire du pouvoir étatique, prévoyant la reconstitution d'une classe dominante bureaucratique et la dictature des plus savants, ou de ceux qui seront réputés tels. Marx, qui croyait qu'un mûrissement inséparable des contradictions économiques et de l'éducation démocratique des ouvriers réduirait le rôle d'un Etat prolétarien à une simple phase de législation de nouveaux rapports sociaux s'imposant objectivement, dénonçait chez Bakounine et ses partisans l'autoritarisme d'une élite conspirative qui s'était délibérément placée au-dessus de l'Internationale, et formait le dessein extravagant d'imposer à la société la dictature irresponsable des plus révolutionnaires, ou de ceux qui se seront eux-mêmes désignés comme tels. Bakounine effectivement recrutait ses partisans sur une telle perspective : «Pilotes invisibles au milieu de la tempête populaire, nous devons la diriger, non par un pouvoir ostensible, mais par la dictature collective de tous les alliés. Dictature sans écharpe, sans titre, sans droit officiel, et d'autant plus puissante qu'elle n'aura aucune des apparences du pouvoir.»"

Ce qui est en tout cas notable dans ce cas précis, c'est que la révolution opérée par Lénine n'a aboutit qu'à reproduire les schémas bureaucratiques du tsarisme qu'elle entendait dépasser.
C'est exact. Lénine est mort trop tôt et n'a pas pu mener un combat réel contre la bureaucratie hérité du tsarisme, ni son autoritarisme, ni son poids démesuré sur la société... Il avait deux ennemis principaux avant sa mort : Tenter d'éradiquer le bureaucratisme et de l'autre, s'opposer aux vision social-chauvine, grand-russe que dvpait Staline vis à vis de l'avenir de l'URSS. Lénine était pour l'auto-détermination des peuples, il était pour créer une république fédérative où chaque république est indépendante et à techniquement le droit de de désolidariser de l'ensemble si elle le souhaitait.

Mais s'agissait-il réellement d'une révolution ? Voline décrit très bien la prise du palais d'hiver par une poignée de bolchéviks en armes, sur un mode rappelant bien plus le tristement célèbre 18 Brumaire qu'autre chose.
Sans doute, mais il faut quand même savoir qu'ils ont tenté le coup de force à un moment où on ne les attendaient pas et où Kamenev et Zinoviev étaient pour continuer à faire de l'entrisme dans les soviets. Lénine a dit clairement qu'il fallait mener le coup de force pour mener à bien la révolution. Il faut savoir que, et malgré ce qu'on peut lire dans les livres d'histoire, les bolcheviks ne se sont pas imposés aux Russes, mais c'est l'inverse, et c'est du au rôle du Parti Bolchevik, qui a dit clairement que les mencheviks voulaient jouer le jeu de la bourgeoisie, qu'il fallait une ligne politique claire, des mots d'ordres simples qui parlent aux gens "La Paix, le Pain, la Terre"... Ils n'étaient pas 10 non plus, même si la prise du palais d'Hiver est un coup de force, ce n'est plus possible aujourd'hui, puisque le pouvoir n'est plus là. Je crois que c'est Norman Stone -qui n'a rien d'un révolutionnaire- qui disait ça dans un de ses bouquins :

"La Russie ne se donna pas aux bolcheviques parce que les masses leurs étaient acquises [...] Elle se donna aux bolcheviques parce que l'ordre ancien s'était effondré à peu près de la manière dont Lénine (et lui seul), l'avait prédit."

Je pense que c'est assez éloquent, si même un conservateur le reconnaît...

Peut-être Marx et Engels auraient-ils du s'en tenir à l'analyse économique [...]
C'est le coeur même de toute l'analyse de Marx et Engels. Mais ils reconnaissent sans doute qu'ils n'ont pas pu creuser plus en profondeur, ce qui a pu laisser arriver des choses horribles ou des déformations. Genre Marx qui lisait un bouquin de Lafargue et qui le jeta de dépit en s'exclamant "Si ces gens sont marxistes, moi je ne le suis pas !" ou Engels qui reconnait dans une lettre avoir donné trop d'importance aux éléments économiques et peu (ou pas) du tout aux autres facteurs, qui sont extrêmement important.
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Message par aoxomoxoa Mar 29 Mai - 21:47

Dans le cas de la Révolution russe la citation de Debord contredit l'histoire. En effet les anarchistes se sont volontairement placés à côté des révoltés. A côté et en accompagnement, refusant tout rapport de force ou de domination ; pas devant et à l'avant-garde, avant-garde qui prendra ultérieurement la forme d'une dictature bureaucratique et totalitaire. Ca a été le cas entre autres pour Voline ou Goldman, ce qui rend son livre d'autant plus pertinent. Sur la citation de Debord en elle-même, elle me semble juste si j'en crois la belle biographie de Bakounine écrite par Kaminski. Bakounine a été très influencé à la fois par la structure pyramidale du maçonnisme et par l'obligation d'agir dans l'ombre compte-tenu du caractère illégal de la profession de révolutionnaire.

Tu écris que Lénine était pour l'auto-détermination des peuples. Pourtant Voline décrit très bien comment l'Etat bolchevik expropriait les ouvriers auto-organisés ayant repris l'outil de production après que ceux-ci aient été abandonné par le grand patronat en fuite à l'étranger. Y a-t-il des signes tangible de cette passion de l'auto-détermination chez Lénine ?

A propos du coup sur le palais d'hiver. Ce n'est pas par hasard si j'ai demandé ce que pensaient Marx et Lénine de Napoléon Bonaparte. Marx admirait le petit agité corse et Lénine était un lecteur assidu (oserais-je dire "zélé" ?) de Marx. La contingence lui imposait peut-être d'agir en forcené, soit, je n'étais pas là pour vérifier. Je note simplement que cette prise de pouvoir dans la grande tradition historique de la réaction n'est pas propice, d'un strict point de vue anarchiste tenant la fin pour contenue dans les moyens, à la mise en place d'un mode d'organisation anti-autoritaire pouvant éventuellement déboucher à terme sur une société harmonieuse.

Voline fait aussi part de la manière dont la classe ouvrière russe a pu être inondée de matériel de propagande bolchévik. Tracts, brochures, conférences... D'où provenait l'argent de la Révolution, comment les bolcheviks ont-ils été à même de s'approprier la classe ouvrière ? Quoiqu'il en soit, résumer la bolchévisation de la classe ouvrière russe à un simple élan spontané ne me parait pas très crédible, surtout dans le cadre d'une analyse matérialiste dialectique. Il y a eu un vrai travail de capture qui est loin d'être innocent.
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